L'analyse de la Fondation des Femmes
Présentées souvent à tort comme des “drames” ou “fléaux” qui pourraient être évités, des “faits divers” causés par des fous inconnus ou des “problèmes intimes” qui ne regardent que celles qui les subissent, les violences faites aux femmes sont en réalité un enjeu politique, profondément liées aux inégalités entre femmes et hommes. Se présentant sous plusieurs formes, ces violences sont nombreuses et la liste n’est pas ici exhaustive. Stagnant à des niveaux inacceptables, la quantification de ces violences permet de mesurer l’ampleur des atteintes subies par les femmes. Elle est également essentielle pour suivre les évolutions et mesurer l’efficacité des politiques publiques et du travail de sensibilisation effectué par les différentes structures agissant sur le terrain.
Les violences dans le couple sont une des manifestations sexistes les plus courantes. Celles-ci prennent de nombreuses formes : physiques, sexuelles, psychologiques, économiques… On dénombre ainsi depuis 5 ans environ 130 meurtres de femmes par leur conjoint ou ex-conjoint par an. Parce que ces meurtres sont motivés par le fait de penser qu’une femme ne peut s’échapper du contrôle d’un homme, qu’elle doit lui appartenir, on les appelle aussi “féminicide” ce qui permet de rendre visible le sexisme qui en est la base. Ces meurtres sont le point culminant d’années de violences et d’humiliations. Les enquêtes de victimation de l’INSEE comptent 219 000 femmes victimes de violences physiques ou sexuelles du fait de leur partenaire par an.
Ces violences se retrouvent au-delà du cadre du couple. Viols, tentatives de viol, agressions sexuelles, harcèlement sexuel… Autant de situations où les femmes représentent l’immense majorité des victimes. Ainsi, en moyenne, par an, 94 000 femmes majeures sont victimes de viols ou de tentatives de viol, ce qui signifie qu’il y en aurait plus d’un toutes les cinq minutes. De manière plus générale, ce sont 580 000 femmes majeures qui se déclarent victimes de violences sexuelles chaque année en moyenne selon l’enquête VIRAGE de l’INED effectuée en 2015. L’ampleur de ces violences est indéniable et met en lumière qu’elles ne sont pas le résultat d’individus isolés mais qu’il s’agit d’un véritable problème de société. Pour comprendre la prévalence des violences sexuelles, on parle souvent de “culture du viol”, une notion qui permet d’analyser un ensemble de comportements et d’attitudes partagés au sein d’une société donnée, qui minimise, tolère, voire encourage ces violences.
Conséquence plus indirecte de cette culture sexiste, le harcèlement de rue est néanmoins une véritable démonstration quotidienne du pouvoir exercé par les hommes sur les femmes dans l’espace public. Par la crainte qu’il instaure, il est une entrave à leur liberté de mouvement. Les statistiques ici sont implacables : 100% des utilisatrices des transports en commun en ont été victimes au moins une fois au cours de leur vie. Preuve que ces violences peuvent toucher toutes les femmes, à tout âge de la vie.
“Pour des motifs toujours anodins, la violence montait : j’ai reçu son portefeuille en plein visage, il m’a un jour fouetté le visage avec un t-shirt mouillé, assez fort pour casser mes lunettes. Des coups de pied dans le dos (il faisait particulièrement attention à ne laisser aucune marque visible) m’ont fait mal pendant plusieurs jours...”