L'analyse
de la Fondation des Femmes

Les femmes ont toujours travaillé : à la maison, aux côtés de leurs maris,… mais leur travail n’était pas rémunéré. Leur entrée sur le marché du travail tel que nous le connaissons est récent. L’émancipation économique que cela a permis a été déterminante et a renforcé leur émancipation politique et personnelle. Pour autant, le monde du travail leur rappelle que leur place n’est pas encore gagnée. Celui-ci peut prendre différentes formes, allant de “blagues”, au harcèlement ou encore de la discrimination.

Ainsi, 64% des femmes reconnaissent avoir été victimes de sexisme au travail. Plus particulièrement, 49% des femmes interrogées disent avoir déjà été la cible de blagues à caractère sexiste et 32% d’entre elles ont déjà reçu des propositions sexuelles déplacées. A cela viennent s’ajouter les cas de harcèlement sexuel au travail, que subissent 20% des femmes au cours de la vie professionnelle selon le Défenseur des Droits. Conséquence de ce sexisme, les femmes, quand elles ne sont pas brisées par le harcèlement, sont moins bien considérées, ont plus de mal se faire respecter, à gravir les échelons, et sont donc, in fine, moins bien payées. Résultat : les inégalités salariales entre femmes et hommes ont la peau dure.

Aujourd’hui encore, tout temps de travail et tout emploi confondus, l’écart salarial entre les femmes et les hommes en France est estimé à 24%. Celui-ci peut notamment s’expliquer par le fait que les femmes exercent une très large majorité des emplois à temps partiel et temps partiel subis. Elles touchent donc, un salaire partiel. Toutefois, même en équivalent temps plein, les femmes perçoivent encore 17 % de moins. Une partie importante de cet écart s’explique par le sexisme pur et dur : en équivalent temps plein et à poste égal, les femmes touchent 12,8% de moins. Le reste vient d’une forme de discrimination moins directe : les femmes et les hommes ne font pas les mêmes métiers. Elles sont moins nombreuses aux postes de direction en général, et n’ont donc pas le salaire qui va avec. Elles sont aussi cantonnées dans des métiers moins bien considérés socialement, et donc, moins bien rémunérés tels que les métiers des services à la personne.

Mais que se passe-t-il lorsqu’une femme cherche à s’échapper des rôles stéréotypés et à aller dans des secteurs où on ne l’attend pas ? Un testing réalisé par la Fondation des Femmes révèle qu’une femme qui candidate à un emploi dit « masculinisé » à 22% de chance de moins qu’un homme candidat d’être convoquée à un entretien par un.e employeur.se. Ce chiffre atteint 34.2 % pour le métier de chauffeur.se-livreur.se.

Souvent ramenées à leurs capacités physiques supposées moindre et à leur capacité à procréer, les femmes sont nombreuses à voir leurs vies professionnelles impactées par une naissance, ou la possibilité future d’une naissance. Une donnée dont sont conscients 81% des Français.es, pour qui un congé maternité peut représenter un frein dans la progression de la carrière d’une femme, alors qu’ils sont 50% à penser que cela pourrait être le cas pour un homme qui prendrait un congé paternité. Une solution plébiscité par les Français.es : le congé paternité obligatoire de 6 semaines. 60% de la population française (femmes et hommes confondu.e.s) y est favorable.

“Suite à la naissance de ma fille, j'ai pris deux ans de congé parental. Cette période terminée, j'ai décidé de reprendre mon travail. Mon employeur m'a proposé un licenciement à l'amiable en me disant qu'il s'arrangerait pour que je touche mes indemnités de chômage. J'ai refusé. Depuis ma vie professionnelle est un enfer. Mon chef me traite comme une moins que rien. Je suis exclue de toutes les réunions. Personne ne m'adresse la parole. Je suis la salariée la moins payée dans le service, malgré mon ancienneté.”

- Témoignage issu de Psychologies.com